Fredonnant un air de musique populaire, Alexandre Chandhiver arpentait le sol carrelé de la grande galerie du rez-de-chaussée du Centre Commercial, indifférent aux humeurs de la foule qui se pressait alentour. Il venait d'arriver en ville, ses bagages transportées directement à l'hôtel. Sa déception était grande. Beaucoup de personnages influents lui avaient promis un accueil sûr et chaleureux, mais apparamment, la promesse d'un crystanien avait autant de valeur que la caresse du vent. Voilà une heure qu'il attendait, seul parmi la foule, que quelqu'un daigne s'adresser à lui pour lui intimer l'ordre de se rendre à tel ou tel endroit pour retrouver les investisseurs.
Mais au lieu de cela, il n'y avait que la foule, imperturbable et sourde. Le flot continu des individus amusait beaucoup le jeune commerçant qui ne pouvait s'empêcher d'imaginer quelles amusantes pensées pouvaient traverser l'esprit de chacun d'eux. Tel homme pensait-il à son allure en achetant quelque vêtement de haute couture ? Tel autre pensait-il à son copieux déjeûner en dévorant une friandise sucrée ?
Un vieillard bouscula Alexandre, sans s'excuser. Il n'y fit pas attention, et poursuivit sa route. Il avait l'air de marcher sans but, mais chercher du regard quelqu'un qui aurait pu l'aider à trouver un "responsable". N'importe qui, en fait, pourvu qu'il ait tant soit peu d'influence dans cette ville.